Par Adrien Souci, Consultant Learning Design, CrossKnowledge.
Formation digitale, quelles sont les attentes des apprenants ?
L’engagement apprenant en matière de formation digitale est fondamental. Les concepteurs, chefs de projets, ingénieurs pédagogiques ont tous un rôle à jouer pour améliorer l’engagement apprenant. Qu’il s’agisse d’engager les apprenants dans leur formation ou de soutenir l’effort durant le parcours pour le mener à son terme, plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour réaliser un parcours qui saura séduire vos employés.
CrossKnowledge a analysé les résultats de 1729 enquêtes de satisfactions réalisées à l’issue de 42 parcours blended développés par ses clients sur des thématiques diverses (soft & hard skills, management, process, cybersécurité…).
Cette analyse a permis d’identifier 7 axes d’amélioration prioritaires qui permettent de développer des parcours de formation digitale plus engageants.
Jouer la carte des témoignages internes
Le constat : Premier enseignement, les formations sont souvent perçues comme étant trop théoriques ou conceptuelles. Les apprenants attendent une formation plus pratique, plus proche de leurs réalités au quotidien et souhaitent davantage de témoignages ou de partages d’expériences de collègues, de leaders ou de personnes qui rencontrent les mêmes problèmes qu’eux dans leur entreprise. Comprendre comment ces personnes sont passées de la théorie à la pratique est essentiel pour leur permettre de se projeter dans leur propre mise en pratique, facteur clé d’acquisition de la compétence.
La solution : Rien de plus simple ! Les partages d’expérience peuvent se faire facilement en vidéo. Il n’y a pas forcément besoin d’un studio ou d’équipements élaborés. Filmer un collègue ou un leader peut même se faire à partir d’un smartphone à condition de respecter quelques règles simples : un bon cadrage, un environnement silencieux, un décor agréable, un témoignage synthétique et impactant et une bonne préparation de l’intervenant pour éviter les besoins en post-production…
Proposer plus d’interactivité
Le constat : Un contenu de qualité à jour est bien sûr clé pour réussir une formation en ligne. Mais les enquêtes de satisfaction démontrent qu’il représente souvent une part trop importante dans le parcours, rendant parfois la formation « indigeste ». Pour éviter l’écueil des longs tunnels de contenus, les concepteurs doivent intégrer un maximum d’activités interactives. Faire des pauses permet de vérifier que l’assimilation des enseignements est au rendez-vous.
La solution : User et abuser des quizz au sein du parcours ! Des quizz formatifs donnent la possibilité aux apprenants de se tromper sans qu’il y ait de conséquences. Le feedback associé aux questions permet aux apprenants de comprendre pourquoi ils se sont trompés et ainsi de mieux assimiler. Autre activité possible, les sondages qui permettent aux apprenants de se positionner vis-à-vis de leur cohorte. Souvent ludiques, ils sont très appréciés. Les questions ouvertes favorisent également l’interactivité en initiant des discussions entre apprenants.
Améliorer la clarté des instructions
Le constat : Suivre un parcours de formation digitale n’est pas facile pour tout le monde, la maturité digitale des apprenants dépend de plusieurs paramètres et il faut éviter de tenir pour acquis que le digital est parfaitement maîtrisé. Il est souvent difficile de positionner un temps de formation dans une semaine de travail, une formation digitale est beaucoup plus facile à reporter qu’une formation présentielle et les apprenants ont besoin d’aide pour s’organiser.
La solution : Il faut toujours rappeler les objectifs du parcours, la durée et la date limite, les bénéfices pour les apprenants afin de déclencher un sentiment d’urgence et engager les employés dans leur formation. Mettre à disposition un tutoriel et écrire un minimum d’instructions est souvent nécessaire pour bien commencer la formation. Il est aussi possible d’aider les apprenants à s’organiser en leur proposant un créneau hebdomadaire pour se consacrer à leur formation. Enfin, envoyer des rappels automatiques aux apprenants leur permet de ne pas oublier de compléter leur parcours.
Proposer des ressources à télécharger
Le constat : Les apprenants réclament des ressources qu’ils peuvent conserver sur leur ordinateur. Comme les classeurs souvent distribués lors d’une formation en présentiel, les apprenants de la formation digitale apprécient le fait de repartir concrètement avec quelque-chose.
La solution : Il est assez facile de proposer un résumé des idées clés, une checklist, ou un plan d’action à compléter en fin de formation. Mis à disposition des apprenants, ces documents aideront à la mise en œuvre de la formation et serviront de rappel après la formation.
Rester « synthétique »
Le constat : La surcharge cognitive ou le surplus d’information est une cause majeure de désengagement, trop d’informations superflues perdent les apprenants. Les apprenants réclament souvent d’aller droit au but, de trouver et retrouver facilement ce qu’ils recherchent dans la formation digitale.
La solution : Un parcours personnalisable où chacun peut choisir son chemin est l’idéal. Une autre solution est d’inciter les apprenants à suivre seulement ce qui est le plus important pour réussir la formation et de les laisser librement consulter les contenus secondaires. Des ressources additionnelles qui permettent d’aller plus loin seront appréciées par les plus curieux des apprenants sans frustrer les autres.
Diversifier les styles d’apprentissage
Le constat : Les concepteurs ont tendance à privilégier un style d’apprentissage par rapport aux autres et c’est souvent… le leur ! Certains privilégient la théorie, la vision globale ou les détails, d’autres l’action ou la discussion, d’autres encore préfèrent la réflexion ou l’expérimentation. Les données récoltées dans notre analyse montrent que la vidéo est le format le plus apprécié mais il n’est pas non plus satisfaisant de proposer uniquement de la vidéo. Les apprenants réclament alors plus de modules, plus d’interactivité, et plus de contenus à lire.
La solution : Varier, varier et varier ! La variation est la clé d’un parcours de formation hyper engageant, qui correspond aux attentes du plus grand nombre. Cela permet à chacun de trouvera quelque chose qui le motivera et lui donnera envie d’aller plus loin.
Limiter la part obligatoire du parcours
Le constat : Rendre un parcours obligatoire est souvent la solution de facilité pour maximiser son taux de complétion mais cela s’avère contre-productif en termes d’engagement. Les apprenants adultes, habitués à avoir une certaine autonomie dans leur travail sont très souvent frustrés d’être obligés de cliquer sur chaque contenu pour valider un parcours.
La solution : Si le contenu du parcours doit obligatoirement être suivi par les apprenants sur des thématiques telles que la sécurité ou la « compliance », la partie obligatoire doit être aussi courte que possible. Informer les apprenants dès le début qu’une validation des connaissances interviendra en fin de parcours est déjà un bon début pour qu’ils restent attentifs jusqu’au bout. Cela leur évitera de refaire le parcours une deuxième fois et leur attention sera captée dès le début.
De manière générale, une bonne façon d’améliorer l’engagement des apprenants est d’inclure lors de la construction du parcours, la méthode du persona. Cette méthode, beaucoup utilisée dans les métiers du marketing ou de l’UX (l’expérience utilisateur), permet de créer un archétype détaillé des apprenants, basé sur des données ou des interviews. Le but est d’avoir une photographie précise du niveau, du quotidien et des attentes réelles des apprenants vis-à-vis du parcours pour proposer une expérience d’apprentissage la plus pertinente possible.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Adrien Souci est un consultant en Learning Design avec 15 ans d’expérience en Learning and Development et 5 ans en Digital Learning. Le rôle d’Adrien chez CrossKnowledge est d’aider nos clients à concevoir leurs programmes de formation en entreprise et de les former aux pratiques, outils et méthodologies de Digital et Blended Learning. Il co-conçoit plus de 40 programmes BlendedX sur des sujets multiples pour un large panel d’industries.